Une fête. Toute la nuit, jusqu'au petit matin. Une fête qui déchire, qui envoûte, qui enivre. Une fête organisée par les lakeside ophiophagus, signe d'un amusement obligatoire. En même temps, c'est la meilleure sororité pour organiser ce genre d'évènement sur le campus. Et puis, il faut dire qu'avec l'un de tes meilleurs amis dans cette fraternité, tu étais obligée d'aller y assister. C'est donc à cinq heures du matin que tu es rentrée au parham hall en compagnie de Leila, après avoir dit au revoir à Connor et toute la bande. Complètement épuisée de cette soirée de dingue, tu t'es couchée, espérant pouvoir dormir au moins toute la journée, enfin tu veux au moins rattraper tes heures de sommeil manquant. Ces derniers temps, tu n'arrêtes pas t'enchainer fête sur fête, soirée alcoolisée sur nuit dans les bras d'un homme différent à chaque fois. Une connerie de plus, un pari qui change la donne. T'es exténuée, fatiguée, épuisée de toutes ces fêtes, de toutes ces conneries que tu enchaine. Mais à quoi bon te remettre en question, tu n'en as rien à faire et tu veux juste profiter de ta jeunesse, de ta vie. Simplement, ton réveil est brutal, un mal insaisissable te prend aux tripes, endolorissant tout ton ventre. Tu te lèves alors en trombe, courant en direction des toilettes avec une certaine difficulté. Tu te laisses aller, tu sais très bien que l'alcool n'y est pour rien, tu bois tellement que ton corps a fini par s'y habituer et tu tiens parfaitement. Simplement depuis quelques mois tu es bizarre, différente, prenant conscience d'un certain changement en toi auquel tu refuses de prêter attention. Tu sais que c'est stupide de faire ça, mais tu n'en as que faire. Tu fais semblant d'aller bien, que rien n'a changer, tu fais comme si de rien n'était. Pourtant, Leila vois ce changement, Leila elle sait ce qui va pas chez toi en ce moment. Et quand bien même tu tentes de l'écouter, tu veux lui donner raison, tu n'y arrives pas. Alors tu restes dans ce dénie le plus total. Il est à peu près quatorze heures quand quelqu'un toque à la porte de ta chambre. Tout le monde est parti, tu es toute seule parce que tu ne te sentais pas terrible pour rejoindre la bande avec Leila. Alors tu es restée là, préférant pour une fois la solitude et le calme à la compagnie et le bruit. Tu sors de ton lit, met ton gilet en soi sur ta nuisette et va ouvrir la porte. Tu découvres alors Anastasia, ou du moins Anya. C'est celle qui t'as pris sous son aile quand tu es arrivée ici, c'est ta marraine et tu es sa filleule. Sauf que tu sais qu'il y a beaucoup plus. C'est aussi ta demi-sœur, un même père mais une mère différente. Tu sais qu'elle est ignorante à ce sujet et tu ne sais pas comment l'aborder avec elle. En même temps, c'est compliqué quand il s'agit des secrets de famille. Tu as même appris que la mère d'Anya était la meilleure amie de la tienne et celle de Leila quand elles étaient plus jeunes. Puis si ta mère est restée en contact avec celle de Leila qui est désormais ta meilleure amie, elle a coupé les ponts avec celle d'Anya. En même temps, après l'histoire qui s'est passée, tu pouvais à peu près le comprendre. Tu lui souris. Entre je t'en prie. Tu lui ouvres la porte en grand et la laisse entrer. Tu voulais être seule aujourd'hui, mais finalement un peu de compagnie et de discussion ne te fera que le plus grand bien. Tu veux boire quelque chose ?

T'es pas bien, tu le sais dans ta tête que ça va pas. Que quelque chose ne va pas. Mais tu fais comme si la vie s'écoulait normalement, tu joues les aveugles, les menteuses. Tu joues comme toujours parce que tu ne sais faire que ça. Jouer jusqu'à t'en brûler les ailes. C'est comme si tu es née pour ça, jouer toujours un peu plus, jouer jusqu'à ne plus savoir où t'arrêter. Et pourtant, aujourd'hui tu ne veux pas jouer, aujourd'hui tu veux être seule. Solitaire. Solitude. C'est la seule chose que tu désires. Pourtant la tranquillité n'a pas l'air d'être la bienvenue aujourd'hui quand tu reçois la visite d'Anya. Ça te fais tout drôle, et même si tu acceptes sa compagnie, ne serais-ce que le temps de quelques minutes, tu n'as pas réellement d'en avoir. Tu la laisses entrer, lui propose quelque chose à boire. En fait, t'essayes de comme accélérer la conversation, ne pas aller sur des sujets dont tu refuses de parler. Tu te diriges vers le frigo, regarde ce qu'il y a. De la bière, du coca, du lait, et une bouteille de jus d'orange. Alelujah. Du jus d'orange, ça t'ira ? Dis-tu en revenant avec la bouteille et deux verres à la main. Et puis la question tombe. Pourquoi faut-il toujours que les gens demandent comment ça va ? Si une personne est au bord du suicide, vous croyez vraiment qu'elle va vous dire la vérité ? Qu'elle va vous répondre que oui tout va bien dans le meilleur des mondes alors qu'au fond d'elle, c'est la douleur qui prend possession de son être. Non, j'ai pas besoin de médecin. Tu la regardes d'un air complétement désespérée, t'as pas envie qu'un médecin vienne et t'examine. Qu'il te dise la vérité que tu tentes de cacher à tout le monde y compris à toi-même. Je vais bien, j'ai juste trop abusé de l'alcool hier soir, je suppose. Un nouveau mensonge, mais au moins la raison parait logique. Pourtant, ce mensonge sonne amèrement dans ta bouche, entre tes lèvres. Il se glisse, s'échappe, mais te brûle la langue. Comme si tu ne lui mentais déjà pas assez. Tu as besoin d'en rajouter une couche. Mais le mensonge est moins blessant qu'une vérité soudaine. Il faut amener ça en douceur pour ne pas vexer l'autre. Et pourtant, même si la vérité blesse, le mensonge lui tue à petit feu. Mais tu joues le jeu, encore une fois. Tu mens, encore une fois. T'as pas envie de parler, alors tu la fais parler elle. Alors, quoi de nouveau chère présidente des cygnes. Un sourire sur les lèvres et parfois le tour est joué, d'autre fois il échoue lamentablement...

T'as pas envie de parler, pas envie de dire ce qu'il y a chez toi. T'as pas non plus envie de balancer la vérité comme ça. Mais Anya ne te laisse pas vraiment le choix. Tu soupires profondément, non par agacement mais pour tenter de rester calme afin de trouver la meilleure issue possible. Tu sers les deux verres et lui tend le sien, tout en prenant une gorgée dans le tien. T'es stressée, perturbée par l'idée de devoir lui dire cette vérité terrible, cette vérité blessante. Après tout, toi t'y es pour rien, t'as rien demandé à tout ça. Mais il fallait pourtant que ce soit toi la messagère de cette nouvelle. C'est pas parce que je tiens mieux l'alcool que toi, que pour une fois mon corps ne peut pas le tenir.Tu rigoles légèrement, il est vrai que parfois quand tu en abuses trop, l'alcool devient nocif pour toi. La preuve avec l'aventure de quelques mois en arrière. Mais ça, tu veux pas en parler, tu peux pas en parler. Même toi tu doutes, même toi tu n'oses y croire. Alors tu préfères mentir à tout le monde, toi y compris. Mais pour ce qui est du même sang que vous partagez, ça tu peux lui dire. Si tu trouves le courage suffisant pour lui annoncer. Comme si la vie en avait pas déjà assez après toi. Oh et qu'importe à la fin, dans tous les cas, elle devra bien l'apprendre un jour ou l'autre... Sérieusement Anya, j'ai pas besoin d'un putain de médecin. Je vais très bien, j'ai juste l'esprit tracassé depuis quelques temps, c'est tout. Pour une fois, tu ne sors que la vérité, il est vrai que dans les deux cas, les deux nouvelles sont perturbantes. Peut-être l'une plus que l'autre, parce qu'elle inclus Anya dedans. Mais à quoi bon jouer avec le feu ? Lui dire maintenant apaiserait probablement légèrement ta conscience. Tu pousses un long soupir après avoir pris une grande inspiration. Tu te lèves pour lui faire face. Tu veux savoir la vérité ? Celle qui te concerne autant que moi. Non parce que j'ai l'impression que dans cette histoire, j'suis la seule à être totalement rongée par ce que je sais et que toi tu ignores. T'as envie de t'écrouler en sanglots, de fondre en larmes en te jetant dans ses bras. Parce que t'arrive plus à tenir, t'es pas assez forte pour porter ce poids sur tes frêles épaules. T'as besoin de quelqu'un pour t'aider, t'as besoin qu'on soit là pour te dire que tout ira bien. Et malgré le fait que Leila soit là, t'as toujours cette folle impression maladive d'être seule au monde. Seule contre le monde. Tu poses ton regard dans le sien, t'as peur qu'elle s'énerve, qu'elle parte. T'as peur qu'elle te renie, qu'elle dise que tu n'es plus un cygne, que tu n'es plus rien. Mais tu pourrais pas le supporter. Tout comme tu n'arrives pas à accepter le fait de lui mentir sur la vérité de votre lien. Tu prends une nouvelle inspiration, comme pour te donner du courage. Promets-moi Anya de pas t'énerver et me laisser finir jusqu'au bout. J'ai besoin que tu me le promettes Anya, sinon je pourrais jamais me le pardonner. C'est vrai, si elle ne te laisse pas le temps de dire la vérité jusqu'à la fin, tu pourrais le regretter amèrement jusqu'à la fin...