Je ne sais pas si je vais vous pondre une histoire avec pleins de détails parce que, mes parents m'ont abandonné devant un monastère alors que je n'avais que quelques heures de vie... On dit pourtant que si on fait des enfants, c'est pour les aimer jusqu'au bout. Cette phrase ne s'applique pas à mon histoire voyez-vous ? Je ne sais pas dans quelles villes je suis née. Je ne sais pas si j'ai des frères et sœurs mais, entre nous, si ils ont abandonné un enfant déjà, qu'est-ce qui les empêcheraient de recommencer, vous pouvez me le dire ? Donc, j'ai grandi dans un monastère, entourée de nonnes d'une extrême gentillesse et qui n'ont pas eu peur de m'élever. J'ai appris les bonnes manières et aussi, un tas de prières. Je vais être honnête, dans ma tête d'enfant, je me disais souvent que si Dieu m'aimait, il aurait fait en sorte que mes parents me gardent. Allez expliquer à une petite fille de six ans, pourquoi elle est seule et pourquoi ses parents l'ont abandonné. Pas facile n'est-ce pas ? Et pourtant, la Mère Supérieure n'a pas hésité à m'expliquer avec des mots compréhensibles et gentils, le pourquoi du comment. Et j'ai pleuré, putain oui, j'ai tellement pleuré que j'étais à la limite de ne plus savoir comment on sourit à une personne qui passe près de vous. J'ai appris à lire et à écrire comme une enfant normale si je peux dire ça comme ça. Après tout, en y réfléchissant, j'avais plein de mamans et un seul papa qu'on m'a appris à aimer : Dieu. Je sais que beaucoup de personnes ne croient pas à ces choses-là et je n’inciterais personne à penser pareil. Chacun est libre de choisir.

A l'âge de dix-huit ans, j'ai fait mes vœux. Dans le sens où j'ai décidé de me consacrer à Dieu. La vie était douce et je n'avais pas à me plaindre. Bien sûr, j'ai commencé à me poser des questions sur la vie et tout ça. Les questions habituelles que peuvent se poser les jeunes filles en fleur, si vous voyez ce que je veux dire... Seulement, je n'avais personne pour me répondre, et j'ai souvent été consignée dans ma loge en guise de punition. Et puis les choses se sont gâtées quand j'ai fait le mur un soir de décembre. Il était évident que je n'étais pas faite pour être nonne. Alors, après s'être concertées avec la Mère Supérieure, mes nourrices ont décidé que je devais partir. En cadeau d'au revoir, j'ai eu droit à un vieux Camping-car. J'ai dû le retaper mais le résultat est plutôt pas mal. J'ai donc quitté le monastère et je suis partie sur les routes. J'ai fais le tour du monde je devrais dire ! C'était dur de survivre, je dois l'admettre mais, par delà le monde, les gens sont généreux et je n'ai pas eu trop de mal à me lier avec des gens. Et puis, près deux années de vagabondage, j'ai décidé de me poser ici, à Touscaloosa. J'ai réussi à avoir un travail malgré que je n'ai aucun diplôme pour le moment. Oui pour le moment parce que j'ai décidé de faire des cours par correspondance en médecine vétérinaire et je compte bien décrocher mon diplôme !