il y a seize ans.
j'avais six ans, ce qui rend les souvenirs assez vagues. pourtant je connais ma mère. je ne l'ai peut être jamais rencontré mais je la vois tous les jours. elle passe à la télé, elle est dans les films, les séries et même dans la musique. elle est de celles qui sortent tard le soir pour aller acheter "des cigarettes". quand j'avais six ans, je me souviens. je me souviens de cries et d'un claquement de porte. mais je me souviens surtout de jamais avoir revu celle que j'appelais maman jusqu'à présent. elle était partie, envolée. je n'en n'ai jamais parlé avec mon père mais au fond je sais qu'il en a souffert. sa femme se droguait. ils se sont aimés puis elle s'est mise à préférer l'héroïne, la cocaïne et le crack. tout ça c'est mon oncle qui m'en a parlé, le frère de mon père. ce dernier est bien trop bouleversé pour accepter de parler de son échec. ça aussi c'est mon oncle qui me l'a dit. pour cette raison et pour m'avoir laissé tomber, je me suis mis à la détester. ça tombe bien, je ne la reverrais surement jamais.
il y a quatre ans ans.
je me demande bien pourquoi j'ai voulu y entrer. je veux dire, je n'ai rien en commun avec ces gars. les jaguars c'est les mecs populaires et sportifs. comme ceux sur lesquels les filles bavent au lycée. alors que moi j'aime bien faire de l'exercice parfois mais rien de bien intéressant et puis connu par tout le monde, c'est loin d'être un truc qui me correspond. au lycée justement j'étais le gars renfermé, entouré de quelques amis seulement. on s'en fichait de moi et ça m'allait bien. j'étais même le pauvre fils de la droguée. mais cette situation me plaisait parce qu'au moins je pouvais compter sur les miens. enfin bref, pourquoi je suis rentré dans cette confrérie. étonnement parce que j'avais besoin d'appartenir à quelque chose. je n'ai pas vraiment de famille et après la lycée tous mes amis ont pu partir ce bled contrairement à moi. alors je me suis retrouvé seul. en arrivant sur le campus j'ai discuté avec deux mecs de deuxième année qui m'ont convaincu d'essayer d'y entrer. pour la première fois on s'intéressait à ce que j'allais faire. ils sont d'ailleurs devenus mes amis avec le temps.  
aujourd'hui.
je n'ai pas le choix. mon père aime cette femme, en tant que fils je n'ai pas le droit de me mettre entre eux deux. c'est ce que je me suis répété pendant plusieurs jours  mais je n'ai pas réussi à me convaincre. le problème c'est que je n'ai pas eu beaucoup de temps pour être d'accord avec tout ça. elle est arrivée chez nous tellement vite, avec sa fille dans ses bagages. quand je l'ai vu, je l'ai tout de suite détesté. sa tête de prétentieuse, son air de "je suis mieux que tout le monde ici" et ses façons de parler. mon père m'a dit qu'elle était intelligente et pleine de vie. moi tout ce que je vois c'est une petite emmerdeuse de première que je ne compte pas considérer un jour comme une "sœur". heureusement, je passe mes semaines à la confrérie et depuis qu'elles sont arrivés dans ma vie, je rentre beaucoup moins longtemps le week end chez mon père. ça le rend triste et j'ai beau l'aimé plus que tout, je ne peux vraiment pas apprécier cette femme qu'il aime et encore moins cette cruche. on verra bien ce que l'avenir leur réserve mais j'espère secrètement leur séparation dans un futur proche.